Résidence virtuelle 1: Frédérique de Carvalho (1er octobre au 31 décembre 2017)
Un écrit (sans titre) dans frau(x)
tu étais sur le rivage et la barque
retournée
le songe avait duré qui
habite
la lande
on avait patiemment pris le sentier
qui longe c’est un pli comme on dit c’est
l’habitude
on avait enduré on ne savait pas
quoi
la rage avait survécu dans les
recoins sous les
tapis
quelque chose avait fait son lit comme on dit des
rivières
quelque chose dans les creux
tu avais déplacé quelques pierres c’était tout ton
fardeau
il suffit de quelques pierres
on ne sait pas ce qui fait le poème la neige ou
d’autres brumes
et la nuit
sans étoile
tu écoutes la fontaine c’est une barque
aussi c’est
un cheveu du Gange descendu
des montagnes
il y a une maison trois
chevreuils un cerf la biche les sangliers la
horde la
tribu
c’est un mouchoir de poche c’est la
consolation
tu marches comme on se perd tu
t’absentes tu
réunis
l’arbre l’animal
tu dis cela on ne se défait
pas on
survit
il était quelques fois une fille des bois
tu suis la sente tu passes le portail de
l’oiseau le vallon du
blaireau et le bois
Renaissan tu connais chaque
lichen tu caresses le lit
des bêtes
le chemin d’écriture passe par la forêt
c’est la chance du loup
la gorge le regard le clou la quadrature du
cercle et comment
l’ouverture
on ne se défait pas on
poursuit
c’est la poignée de charbon le dessous du
berceau la petite cave
à soi
on a vu quelquefois l’étoile dans le caillou
on a cru et c’était beau
à voir ça fait des talismans dans le secret de
soi ça fait des ailes des
bateaux
d’autres sont morts cent fois
c’est dans
l’accablement du monde
toute angoisse bue
le désespoir
vide
comment voir
encore
la beauté
sentir le ciel la
terre toute
chose comme un
sourire
d’enfant
intact
et le tout / confondu / le
haut le bas et
la détresse
sourde
quelque chose comme une mémoire
surgit
l’enfance appelle l’enfance
une vague de l’âme
emporte
(ce n’est rien)
on veut laver les yeux
les mains le corps
entier
comme si
on prend des douches interminables
(comme si)
l’eau le flot de l’eau la
cascade
et - tout -
disparaîtrait
la tâche l’obscure
tâche qui
abîme
le jour
dans
l’éreintement
du jour
il y a
ce qui
sourd
on est transi
de quoi qui ne se
dit
c’est un ciel de nulle part qu’a passé
sous la peau qu’a
mordu la langue
qu’a troublé
la surface
tout vient qu’on ne
demande
un coup de feu dans la forêt une plaie à
l’encolure ce qu’on sait des
tortures de mille
sortes et
plus
on coupe court comment
éteindre
l’incendie c’est un
chagrin sans
nom
la lumière
vacille
on s’attache à l’instant qui est
devant
les yeux
on pendouille à
la branche avec un vieux
lichen
tous les jours au moins tous les deux jours
trois tout au plus on
s'était dit
on n'avait pas compté le sombres et les
lumières les
déplacements des paysages les
encombrements et même les coups de
vent les arrêts sur
image les autres mots
ailleurs qui font un
chemin dans le dessous des
pages qui
s'écrivent
la nuit ou bien ne
s'écrivent pas
trébuchent
on passe des jours à ranger son bureau les
monceaux de papier les
bouts
passés
on se dit que l'espace plus
vaste que
l'espace va mettre
de l'air
dedans
et puis on rêve à
la
fenêtre
la langue des glaciers brûle
encore
les aiguilles bleues des
yeux
le feu des mélèzes l’ocre gris des
parois qui se plissent s’effritent jusqu’au
torrent
dans le bas
est-ce qu’on revient jamais des
paysages des
sentiments et cet
automne fou des
arbres est-ce qu’on
revient
ici / chez soi / on entre dans
la forêt avec un
jeune sanglier on est
précipité dans
l’instant
on passe avec la bête et le
silence
entier
le soir on dîne sous un
cerisier éteint avec quelques
étoiles
on aperçoit parfois
ce qu’on aurait pu
dire
tous les sens et
les cheveux dans les yeux et l’air dans
la gorge le nez le corps plein
traversé
on penche un peu comme
s’arc-bouter et parfois on
lâche et
s’envoler
un arbre rouge est venu
m’embrasser
arrière-pays une
rumeur
ardente qu’est logée au
dedans
on fait retour en terre auprès
des arbres avec les
lumières qui
bougent avec les couleurs les yeux ne
savent pas dire cela des rouges des
jaunes tous les verts les yeux
ne savent pas
c’est l’imprécis de langue le peu
des choses
à dire et
comment